
PERSONNALITÉS DE LA COMMUNE

ALBERT MAHAUT (1867-1943)
Il est né aveugle à Saint-Léger-des-Vignes, où son père était alors l’agent de plusieurs sociétés de navigation, et décédé à Rennes, entra en 1876 à l’Institut National des Jeunes Aveugles où il obtint en 1883 le brevet de capacité d’enseignement primaire. Cinq ans plus tard, il rejoignait la classe d’orgue de César Franck au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il obtenait l’année suivante un 1er Prix d’orgue. La même année, il était nommé professeur d’harmonie à l’Institution, poste qu’il occupera jusqu’en 1924. Il sera également quelque temps titulaire d’une tribune (St Pierre de Montrouge, puis St Vincent de Paul), mais abandonnera rapidement ces fonctions pour se consacrer entièrement à l’éducation des non-voyants. Il laisse sa carrière d’organiste virtuose au profit du monde des aveugles.
Albert Mahaut révèlera au grand public l’œuvre d’orgue intégrale de César Franck qui jusqu’alors était inconnue. Ses concerts triomphaux au Trocadéro sont restés gravés dans la mémoire de bien des musiciens. G. de Boisjolin, dans la Tribune de Saint-Gervais de mai 1898, écrivait à propos d’un concert du 28 avril consacré aux premières œuvres d’orgue de Franck : « M. Mahaut est un des plus brillants organistes sortis de cette belle institution : son jeu délié et sympathique séduit de suite et frappe par son élégance et sa correction. »
Albert Mahaut, trop occupé à favoriser l’enseignement puis le placement de ses condisciples aveugles, n’a laissé que quelques compositions : des mélodies et des pièces d’orgue.
Source : ICI

CLAUDE DE BURINE (1931-2005)
Elle est une poétesse, née à Saint-Léger-des-Vignes, et décédée à Louveciennes, dans les Yvelines.
Elle fut l’une des grandes plumes féminines de la poésie contemporaine.
Dans une forme très libre, mais à la respiration soigneusement posée, elle exprime de pures et rêveuses nostalgies d’enfance, capte d’insolites ou cruelles obsessions. Une pointe de surréalisme colore son climat.
Elle a publié son premier recueil, Lettres à l’enfance, en 1957. La Gardienne (1959) et L’Allumeur de réverbères (1963) l’ont montrée en constante progression vers la maîtrise de son propre langage.
Claude de Burine repose désormais au cimetière de Saint Léger des Vignes, dans son nivernais natal, où elle a rejoint son mari le peintre Henri Espinouze, décédé en 1982.
« RETOUR »
Poème inédit
L’arbre n’a pas changé de place
Ni la maison aux chiens
Où l’on pend jusqu’au matin
Leurs langues roses
Dans les nuits chaudes et de couleur
La rue tient toujours son bâton de berger
Se croît château-cabane
La chouette a descendu son œil
Range les verres, soutient l’or
Et sur le toit le coq en bronze
Lance son cri silencieux
Campagne des verdures
Où le sang vient à l’aube
Comme on te décrit bien
Quand on te prend au ventre
« Un jour, une voiture s’arrêté
Et l’on ne sait qui en descend… »
La femme au feutre noir
Est partie sous les saules
Effaçant un à un ses pas
Même morte, elle reçoit ton visage
Et brûle encore du feu du premier mot
Tout commence lorsqu’on ne parle plus
Etend devant soi
Des doigts de laine et de givre

JEANNE-ANDRÉE PATÉ (1914-2018)
Elle est née à Saint-Léger-des-Vignes. Militante communiste, elle a été arrêtée à Reims le 23 avril 1943, puis internée successivement à Reims, Laon, Compiègne et Romainville.
Déportée comme résistante le 18 avril 1944 au camp de concentration de Ravensbrück, où elle a reçu le matricule 35265, elle a été affectée au Kommando de Holleischen, Kommando dépendant du camp de Flossenbürg dans lequel les femmes travaillaient pour l’usine de munitions Skoda en Tchécoslovaquie.
Elle a été libérée par des partisans polonais le 5 mai 1945.
Elle continue de témoigner en toutes occasions et en particulier devant les élèves de collège et de lycée.
« Je suis une battante. J’ai toujours été une battante : c’est ce qui m’a sauvée. Je suis née en 1914, mes premières années ont donc eu pour décor une guerre, la Grande Guerre. Originaire de la Nièvre, de Saint Léger des Vignes précisément, j’ai quitté ma maison d’enfance à l’âge de 9 ans pour aller habiter à Reims. Là se trouvait mon oncle. C’est lui qui m’a donné le goût de la révolte très tôt. Dès 18 ans, j’ai milité activement pour le Parti Communiste Français. Mon engagement précoce et mon caractère rebelle trouvent leur source dans le spectacle perpétuel de l’injustice. En effet, mon père a été fait prisonnier 2 ans pendant la guerre de 14-18, pour refus de guerre. C’était un enfant de la DASS. Sans doute ai-je hérité de ses gènes rebelles ! Mon père est mort lorsque j’avais 5 ans. Ma sœur est née le lendemain de sa mort, comme pour montrer que finalement la vie continuait malgré tout, malgré « l’horreur absolue » […]
[…] Quand je suis enfin rentrée chez moi, j’ai vu ma mère. Comme tous les matins depuis mon départ, elle avait préparé sur la table du petit déjeuner mon bol : elle m’attendait ainsi tous les jours. Ma fille avait alors 6 ans. Personne n’avait de nouvelles de ma sœur. Nous avons su après qu’elle était morte du typhus le jour de sa Libération. Parmi toutes mes épreuves, celle-ci fut la plus dure à supporter. Les retrouvailles ont été très intenses ; j’ai retrouvé mon mari, alité car gravement malade et couvert de furoncles. Mes vêtements avaient été cambriolés, j’ai dû garder ma robe rayée, que j’ai toujours au fond de mon armoire par ailleurs.
J’ai ensuite cherché du travail pendant deux mois. Une nouvelle organisation s’est constituée avec les déportés. La vie a donc repris rapidement son cours, notamment grâce à ma bonne constitution – même si je pesais 32 kilos à mon retour – et mes règles sont revenues au mois de juin, signe que tout recommençait. Pour preuve, au mois d’août, j’étais enceinte de mon fils. Mon mari, revenu beaucoup plus affaibli que moi, a attendu 2 ans avant de pouvoir retravailler. Nous nous comprenions mieux que jamais : nous avions vécu les mêmes épreuves, traversé la même période innommable de l’Histoire. »
Témoignage d’Andrée PATÉ sur sa déportation, recueilli et mis en forme par Marine HÉRAUD, professeur de Lettres, en formation à l’IUFM de Reims au cours de l’année scolaire 2004-2005.
Source : ICI

HUBERT VÉDRINE (1947-…)
Il est né à Saint-Silvain-Bellegarde dans la Creuse. C’est un homme politique français. Il a été conseiller municipal de Saint-Léger-des-Vignes de 1977 à 1995.
Après avoir travaillé avec le président François Mitterrand comme conseiller diplomatique puis secrétaire général de l’Élysée, il est nommé au Conseil d’État en 1986. Hubert Védrine devient par la suite ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Lionel Jospin, de 1997 à 2002, sous la présidence de Jacques Chirac.